Police Academy
Los Santos Police Department recrute ! C’est ce que l’on peut lire un peu partout en ville depuis quelques jours, grâce à l’efficace campagne de publicité organisée conjointement avec la mairie. Les aspirants policiers doivent passer une évaluation rigoureuse, avant d’entamer leur formation.
Les forces de l’ordre ont bien du mal à maintenir un semblant de sécurité à Los Santos, c’est le moins que l’on puisse dire. Les dealers ont la peau dure, les gangs sont chaque jour mieux organisés, des rixes éclatent un peu partout. Les citoyens ont peur, comme le prouve ce rapide micro-trottoir, dont la question était justement : “avez vous peur ?”
Shirley Beartrap, 78 ans, retraitée: Je n’ose plus sortir de chez moi ! Les rues sont pleines de voyous, oui j’ai peur !
Arnold Hewilly, 24 ans, caissier: Avec mon salaire de misère, la vie n’est pas drôle tous les jours, mais en plus il y a ces foutues guerres de gangs… Ouais, je crains souvent pour ma vie, les poulets servent à rien !
Johnny Cracksniffer, 19 ans, sans emploi: Hein ? Peur de quoi ? T’vois pas qu’tu m’déranges ? Casse-toi avec ton padich… ton pacher… ton… ton éléphant rose là ! Hiiiiaaaaarrrr ! Je suis une pâquerette !
Pourtant les policiers clament haut et fort qu’ils font de leur mieux pour endiguer la délinquance, mais que les effectifs sont insuffisants. L’officier Buck Happytrigger déclarait en effet récemment à la presse, que, je cite:
C’est à cause qu’on a pas les moyens, simplement ! Comment que vous voulez qu’on flingue tous ces camés ? Ils se moquent de nous, ils nous tirent comme des lapins ! Si y avait plus de patrouilles, ils la ramèneraient moins, c’est moi qui vous l’dis !
Cette habituelle complainte policière, rabâchée depuis plus d’une dizaine d’années, semble avoir enfin été entendue par le gouvernement, qui a débloqué des fonds pour la création de nouveaux postes. Les inscriptions ont débuté, et chaque jour, toujours plus de candidats se rendent au LSPD dans l’espoir de réussir les premiers tests. Comment se déroule cette évaluation ? Pour le savoir, je me suis purement et simplement inscrit. Voici le carnet de bord de cette sympathique matinée.
05h00: La journée démarre sur les chapeaux de roue ! Arrivé au LSPD, le standard me dirige vers une salle réservée ou l’officier Happytrigger briefe cinq aspirants policiers. Il m’apostrophe joyeusement :
Ah ! Z’êtes là ! J’vous signale que vous êtes largement à la bourre, agent de police c’est pas un métier de tire-au-flanc, alors assoyez-vous et fermez-la !
S’ensuit un long discours présentant la nature de l’évaluation et le métier de policier en général.
Bon voilà c’qu’y s’passe. Moi c’est l’officier Happytrigger, ch’uis là pour vous montrer comment doit se comporter un fier et noble gardien de la paix. A la terminaison de l’évaluation éliminatoire d’aujourd’hui, seul les meilleurs et les mieux bornés d’entre vous auront la possibilité d’en baver le long du reste de la formation. Des questions ?
Mon voisin de droite lève timidement la main.
Officier: Ouais ?
Apprenti: Je voulais savoir, est-ce qu’on est bien payé en tant que défenseur de l’ord… _
Officier: Euh là, si c’est pour me sortir des conneries pareilles j’te conseille plutôt de la boucler maintenant tout de suite ! T’es pas journaliste au moins ? Parce que la conférence officielle sur le recrutage c’était hier, alors les fouille-purins qui veulent s’infiltrer en douce pour l’évaluation je dis stop ! C’est même pas la peine d’essayer !
L’homme chauve et rabougri devant moi se met à trembloter et à suer plus que de raison. Soudain, un appareil photo s’échappe de sa sacoche et tombe sur le sol dans un shling sonore. On le prie gentiment de quitter la salle. Il va falloir jouer serré.
06h14: Happytrigger nous invite à le suivre vers le parking sous-terrain du LSPD, où nous allons effectuer quelques épreuves de conduite.
Bon comme j’vous avais dit avant que ce bloody journalist se pointe, votre mission, en tant qu’agent de maintien de l’ordre, sera de maintenir l’ordre. Vous devrez veiller sur les rues frigides de notre cité. Si vous soupçonnez un délit d’ordre illégal, il vous faut agir en deux temps : de un vous neutralisez le suspect, de deux vous le ramenez au poste. J’vous ai amenés ici pour voir ce que vous valez comme conducteurs, parce qu’au LSPD c’est indispensable. La plupart des malfaisants en fuite ne s’arrêtent pas d’eux-mêmes, ‘faut les aider, donc les poursuivre sans relâche et au moment opportun leur rentrer dans le lard.
L’exercice est donc fort simple : tandis que l’officier roule à allure certaine dans le parking, l’un des élèves, à bord d’un véhicule de patrouille, doit l’immobiliser. Le premier volontaire effectue la manœuvre avec entrain, jugée satisfaisante par l’officier. En revanche la deuxième tentative s’avère désastreuse, le candidat dérapant un poil trop fort et s’écrasant lourdement contre la Comet personnelle de Happytrigger. “Mais minable cloporte ! Ma bagnole !” s’écrie-t-il.
08h27: Pendant que le fauteur de trouble s’explique avec Happytrigger dans son bureau, un autre policier nous prend en charge, l’officier Donald White. L’épreuve de conduite posant quelques problèmes de sécurité, on passe directement à une activité moins dangereuse, le maniement d’armes à feu. Direction l’Ammu-Nation de Downtown Los Santos.
09h00: Nous arrivons au stand de tir, réservé pour l’occasion. White nous touche quelques mots sur l’importance d’être une fine gâchette dans la police.
Comme vous l’a sûrement expliqué mon collègue, les criminels de Los Santos ne font pas de cadeau. C’est pourquoi il est primordial de maîtriser parfaitement votre pétoire. Face à un gangster, on ne s’embarrasse pas d’inutiles palabres, il faut le truffer de plomb avant qu’il n’en face autant avec vous. Donc ici vous allez faire parler la poudre. A votre disposition, le 9mm réglementaire du LSPD ainsi qu’un AK-47, ça peut toujours servir ce genre d’engin.
Après un rapide briefing sur le maniement des armes, l’épreuve de tir commence. A l’exception d’un de nos camarades, qui au bout de deux heures n’aura touché que quatre fois la cible, ainsi que son propre bras gauche, nous nous en sortons plutôt bien. Le tenancier, qui n’apprécie guère les traces de sang sur son parquet, grogne.
11h14: Les secours évacuent notre comparse, et White, satisfait, déclare que nous avons bien mérité une pause donut. “Si vous témoignez le même entrain à charcuter des cibles vivantes, vous ferez de parfaits agents !”
11h32: Ambiance du tonnerre au Jim’s Sticky Ring. Les doigts couverts de graisse et de sucre, nous discutons gentiment. Cet endroit a toujours été le lieu de prédilection des policiers, nous dit White. Le paradis du donut ! Ce n’est pas une légende, au LSPD on adore les donuts, et on ne s’en cache pas. Notre évaluation préliminaire terminée, il nous reste quelques formalités à accomplir avant de continuer. C’est là que ma couverture risque d’être grillée. D’ailleurs j’en sais largement assez sur ce recrutement, reste à discrètement me tirer d’ici. J’extirpe de ma chaussette droite l’une de ces fameuses pilules roses indispensables à tout journaliste sur le terrain.
Hey dis-donc, Little ?! Tu m’as pas l’air dans ton assiette ! Ça roule ?! Me dis pas que tu nous fais une allergie au donut ? ARF ARF ARF AR..
Pour se tirer des situations les plus périlleuses, un bon reporter doit pouvoir vomir sur commande, ou, en l’occurrence, sur un officier de police. Je réussis à faire mon petit effet : White, furieux et plein de répugnante gerbe, me déclare inapte à continuer la formation. Je suis recalé ! Fantastique.
Le recrutement massif d’agents de police continue. Bien que cette initiative semble bienvenue, nos concitoyens sont en droit de se demander si la situation n’est pas trop alarmante pour faire appel à des novices, même bien encadrés. Par ailleurs, l’administration semble avoir privilégié une fois de plus le rapport de force pour régler les problèmes de délinquance, ce qui jusqu’ici s’est avéré inefficace. Le Liberty Tree vous tiendra bien sûr informé de la tournure des événements.