Une nuit avec les performers de l'extrême
Sur son blog, il se fait appeler "Grincheux". Il se qualifie de "performer". Dans la vie, ce jeune homme de 32 ans est informaticien. Le soir, il explore les lieux ordinairement interdits au public ou du moins difficiles d'accès.
Il est 22 heures ce soir là quand notre collègue d'un soir nous rejoint sur un parking de Los Santos. Il se présente rapidement et nous explique le programme de notre nuit. Pour cette première étape, "Grincheux" nous emmène dans un tunnel, plus précisément un tunnel ferroviaire. Avant de rentrer dans celui-ci, il nous explique les consignes de sécurité. Téméraire mais pas imprudent. En cas d'arrivée imminente d'un train, il faut se coller à la paroi du sous-terrain en masquant son visage. Il nous met également en garde à propos du rail électrifié, également appelé troisième rail. La marche s'engage. L'atmosphère est lourde et inquiétante. Un train peut débouler à tout moment.
Après quelques centaines de mètres parcourus, nous nous arrêtons devant une issue de service. C'est à ce moment-là que "Grincheux" dégaine son appareil. Il photographie plusieurs fois les trains passant devant lui jusqu'à obtenir un rendu satisfaisant. "Grincheux" nous explique qu'il fait ça depuis quelques années. Il a de très nombreux "spots" à son actif. Le plus impressionnant reste sans contexte l'escalade du pont de San Fierro de nuit. Le temps passe et il est temps de passer à la deuxième étape. "Grincheux" sort une clé de service de sa poche, et après avoir parcouru quelques couloirs, nous voici enfin dehors.
C'est dans le centre même de Los Santos, que nous nous arrêtons pour cette seconde partie de soirée. Il est près d'une heure du matin et les rues de Temple sont désertes en ce mardi soir. "Grincheux" sort une autre clé de sa poche, et ouvre une trappe au sol. Celle-ci débouche sur les sous sols de l'immense immeuble. Après avoir bien refermé derrière lui, il nous explique que l'immeuble est gardé et qu'il faut monter à pied les 5 premiers étages. Arrivé au dernier étage, notre ami passe-partout ressortira une énième clé pour ouvrir la porte menant au toit. Nous lui demandons quelques explications :
Mes clés sont des copies de copies de copies... On se les échange dans le milieu. J'ai quelques compères avec qui on échange pas mal d'informations sur les lieux et les accès. On arrive, on fait nos photos et on repart, sans rien avoir touché ou abîmé.
Puis sur la légalité de ses actes :
J'ai jamais vraiment eu affaire "directement" aux forces de l'ordres. Quand ça craint trop, ou que je ne le sens pas, je fais demi-tour. Je me suis déjà fait griller plusieurs fois, mais je repars rapidement ou je me cache. Je suis plus malin qu'eux.
Une fois redescendu en suivant la même procédure qu'à l'aller, nous reprenons la voiture pour l'ultime escale de notre périple : l'ancienne base aérienne de Las Venturas. Le paysage est presque irréel, des dizaines d'avions sont rassemblés ici. Un gardien veille, il faut faire preuve de prudence. L'aérodrome n'est pas complètement abandonné.
C'est ici que nous quittons notre compagnon alors qu'il est 6 heures et que le jour se lève sur la ville. "Grincheux" profitera d'une très courte nuit, puis retournera à sa vie plus classique mais avec pleins de souvenirs en tête. Cela restera pour nous une nuit riche en découverte et en émotions.