J'ai testé les taxis de Vice City
Après avoir passé au crible la LS Taxis, me revoilà, non pas sur la plage de Santa Maria beach à Los Santos mais sous la lune de Vice City, à l'ombre des palmiers d'une propriété de Starfish Island. Confortablement installé sur le transat, le téléphone apporté sur un plateau dans les mains d'un serveur, je me prépare psychologiquement à tester la Kaufman Cab, la seule compagnie de taxi qui vaille réellement le coup (et le coût aussi).
Avant de commencer, qu'est-ce que la Kaufman Cab ? Pour les gens qui ne connaissent pas Vice City, où bien les Viciens qui ne connaissent point l'histoire de leur métropole, la Kaufman Cab est apparu en 1917. Le commandant Edmund Kaufman s'était inspiré des fameux taxis de la Marne pour emmener ses troupes au port de Vice. Il avait donc réquisitionné, ou plutôt acheté une compagnie de taxi (c'est ça l'Amérique). Quelques années plus tard, il avait quitté l'armée pour être aux commandes de son entreprise. Dans les années 80, les taxis Kaufman vont passer au statut de couverture de la Mafia. C'est de là que vient sa réputation et nous allons la découvrir petit à petit au fil du reportage.
8:45AM. Je décroche le téléphone et compose le numéro de la Kaufman Cab d'une main tremblante. Je tombe sur un homme dont, en entendant la voix, aurait pu faire un mafioso dans le Patron :
Liberty Tree : Bonjour monsieur, j'aurais besoin d'un taxi.
Réceptionniste : Hé, comment va ?Tu as des dollars ?
Liberty Tree : Hé bien, oui, j'ai des dollars mais pourquoi cette question ?
Réceptionniste : Ma, qué, pas dé dollars, pas dé taxi. Capiche ?
En raccrochant, après avoir donné l'adresse de là où je me situais, j'avais un peu le sentiment d'avoir choisi la mauvaise compagnie à tester. La rédaction m'avait donné des dollars, mais à entendre le réceptionniste, c'est à peine si je devais payer autre chose que le taxi en lui-même... Peu importe, je me relevais du transat quand un klaxon retentit. Au début, ça m'a surpris, car si on compare avec la LS Taxis, la Mafia est nettement plus sérieuse. Pour une fois, le taxi que j'avais en face de moi, ce n'était vraiment pas ce que j'attendais : la voiture avait vraiment classe. Pas une tâche sur la Chevrolet BelAir qui donnait un air rétro. Quant au chauffeur, il est impeccable et vous salue comme il faut. Maintenant, direction l'aéroport.
J'étais sidéré par l'intérieur. Un vrai luxe, même pour le plat de canellonis qui était soigneusement emballé. "C'est ma femme qui m'a demandé d'en acheter. Faites pas attention." me dit le brave chauffeur. Je lui ai même conseillé d'accompagner cela avec du champagne mais bizarrement, il n'a pas répondu... Vous pourriez voyager des heures en étant installé dans les sièges de cuir. Alors que les taxis de Los Santos sont très miteux, je redécouvre ici la joie de prendre le taxi. Niveau comportement de la voiture, je dirais que ça flotte un peu mais c'est très agréable, très agréable quand on roule normalement car l'affaire peut souvent prendre la forme d'une course-poursuite avec de simples policiers qui voulaient effectuer un contrôle de routine et à partir de là, on sent particulièrement les suspensions un brin exagérées qui nous rappellent Bullit.
Parlons un peu du chauffeur maintenant. J'ai senti en lui l'influence que ses employeurs avaient sur le pauvre homme. Alors que les chauffeurs de taxis de Los Santos écoutent WCTR, ici, nous avons plutôt droit à la bande-son du film Le Patron. Au début, je ne comprenais pas pourquoi le brave chauffeur écoutait une musique aussi froide et triste. Puis j'ai finalement compris qu'il se mettait en condition. En condition de quoi ? D'aller refroidir quelqu'un, bien sûr ! En effet, alors que nous roulions, le chauffeur arrête la voiture. "Je vais au toilettes, hum, attendez, je reviens..." qu'il me dit (en plus, il y a pas tellement de toilettes, vers l'aéroport...). Je connaît bien les dangers qu'il y a à Vice et que les toilettes peuvent être très dangereuses mais de là à emporter un couteau à viande, un Colt 45 et entendre des coups de feu partir dans tous les sens puis de voir son chauffeur revenir avec une pastille dans l'épaule, je ne suis pas dupe : ces gens là sont mêmes des tueurs de la Mafia !
Enfin, nous arrivons à l'aéroport, toujours vivant de cette expérience. Maintenant, le moment est venu de régler la note : le chauffeur me tend la main et m'observe du coin de l’œil entrain de fouiller dans mon porte-feuille. Je devais payer $150 et j'avais légèrement l'impression de m'être fait avoir quand l'homme me dit "C_'est pas personnel, c'est les affaires !"_. Ah, elles ont bon dos les affaires avec les taxis Kaufman. Mais dès que vous ferez un passage à Vice City, n'hésitez plus à prendre cette charmante compagnie. Certes, les trajets sont un peu chers mais voyez toutes les surprises que vous avez au fil du voyage...