/ LIBERTY-CITY

Fermeture définitive ?

Pastrana

Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.

1972 : un terrible double-attentat défigure une rue du quartier de St Marks. Depuis, sur ces quelques mètres de ville abandonnés, la reconstruction se fait attendre. Le Liberty Tree a enquêté.

Trois ans plus tôt, en 1969, la guerre entre chinois et siciliens à Portland commençait. En quelques mois, tout dégénère : les rares meurtres crapuleux laissent place à de véritables affrontements entre gangs rivaux… Les descentes de la Mafia dans Chinatown font des dizaines de victimes, tout comme les offensives de la Triade du côté de St Marks. En 1972 donc, la haine connaît son apogée. Le meurtre de Junsheng Wong, père spirituel de la lutte armée côté chinois, met le feu aux poudres. Le 14 Septembre, la vengeance est cinglante : plus de 800 kilogrammes de dynamite explosent devant les deux planques de la Mafia dans celle que l’on appelle aujourd’hui Closed Street. L’onde de choc qui suit la déflagration fait à elle seule exploser toutes les vitres de Portland, mais aussi de Staunton Island ! Sur les lieux, deux cratères d’une trentaine de centimètres de profondeur se sont formés. Les immeubles de la rue sont en ruine. Et plus de trente ans après, le paysage est le même…

Nous avons donc essayé d’en savoir plus à propos de ce laisser-aller. Le premier élément de réponse nous vient de l’entreprise Jamison & Jefferson Building Trade. Ils étaient chargés, dès Octobre 1972, de la rénovation. Le porte-parole de l’organisation, Gavin Brewer (cf. photographie ci-dessous), nous explique sa version des faits :

Il n’était pas question, dans les accords d’exclusivité qui nous liaient à la Mairie de Liberty City, que nous travaillions sans avoir l’assurance d’être payés. Ainsi, nous avons rénové la partie Ouest de la rue, avec les fonds que nous ont accordés Mr. Leone et sa famille. Ils n’ont par contre pas souhaité apporter de l’argent pour que soient refaites la chaussée et la partie Est. Ils nous ont dit que tout cela devait être pris en charge par la Mairie. Les échafaudages étaient posés, mais sans argent, pas de travaux.

La seconde, et dernière, étape de notre enquête nous menait donc naturellement vers l’Hôtel de Ville, où le Maire O’Donovan a bien voulu nous recevoir. Au sujet de Closed Street, il se montre très évasif :

Vous savez, messieurs, qu’en 1972, je n’étais pas ici. Il m’est donc difficile de vous dire pourquoi les dirigeants de l’époque n’ont pas voulu financer ces travaux.

Il s’oppose même clairement au financement des travaux par la Mairie actuelle :

Messieurs, mon travail ne consiste pas à rattraper les erreurs des Maires du passé, et encore moins celles des citoyens de Liberty City ! Si ce sont bien les chinois qui ont tout fait exploser à cause des italiens, ils n’ont qu’à tous se mettre d’accord pour réparer !

Et quand on lui expose la haine toujours vivace entre les deux communautés, il s’offusque :

Ne me faites pas croire qu’avec toutes les magouilles qu’ils font ensembles, ils ne peuvent pas utiliser un peu de leur argent sale pour quelques travaux ! En tous cas, ce n’est pas l’argent des citoyens qui m’ont élu qui remboursera les dettes de cette bande de malfrats !

Depuis donc plus de trente ans, la situation dans cette petite rue de Portland est au point mort. On pourrait presque croire que ces travaux inachevés font maintenant partie intégrante du paysage de Liberty-City…