Entretien avec les 3Man Crew
Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.
Le groupe de rap mondialement connu, 3Man Crew, et originaire de Liberty City revient avec un nouvel album “Born in East LC”, et débute la tournée par un concert au stade de Liberty. Pourtant une partie de la population n’est pas d’accord. Interview
Les 3Man Crew, qui ne connaît-il pas ce groupe à la renommée mondiale? Les deux premiers albums de ces jeunes de 25 ans se sont déjà vendus à plus de 2 millions d’exemplaires rien qu’aux USA. Le groupe originaire de Wichita Gardens est actuellement dans le collimateur de l’office de la culture de notre ville. En effet, considérant le nombre de fans à Liberty, le directeur artistique Baz Flock a eu l’idée d’organiser le concert d’ouverture dans un lieu pouvant contenir environ 100 000 personnes, le choix s’est donc porté sur le stade commémoratif Liberty. Cependant, un lobby d’élus locaux de Staunton a essayé d’annuler le concert en soulevant le thème de l’insécurité.
Nous nous sommes donc entretenus avec les 3Man Crew, le groupe aux 7 millions d’albums vendus dans le monde: S.V.E.N, DJ Seagull et FL57 pour mieux comprendre pourquoi il y a eu toute cette affaire mais pour parler aussi de leur album, de la tournée et de leur avenir.
LibertyTree: Bonjour, c’est votre 3ème album, comblés par cette réussite artistique?
DJ Seagull: Je pense qu’on commence peu à peu à être enfin des artistes complets. Il faut dire que notre premier album, “Bullshit Boyz” n’était pas exempt de défauts, aujourd’hui on revient avec une production de qualité qui satisfera les nouveaux fans et ceux qui nous connaissent déjà, mais S.V.E.N le dit mieux que moi.
S.V.E.N: Ouais quoi, on s’débrouille bien là. Perso, j’pense qu’on va tout niquer avec ce troisième opus! “Bullshit Boyz” était bof, là ça va plaire à tout le monde, quoi! Pas vrai FL?
FL57: Ouais!
LT: Ne soyez pas modestes, “Bullshit Boys” était un excellent album d’après les critiques.
DJ S: Un artiste doit évoluer, et il est mieux lorsqu’il évolue dans le bon sens. Le premier album était bon mais ressemblait trop à tout ce qui se faisait déjà, “Afterparty”, le deuxième est une évolution en douceur, tandis que celui-là se différencie franchement des productions actuelles. Il y a une très grande variété de titres. Je pense que S.V.E.N a son mot à dire.
S: Bon, comme l’a dit Seagull, quoi faut qu’on change de beat. La zik c’est cool mais faut savoir être stylé, quoi, “Afterparty” à côté c’est de la daube, t’en dis quoi FL?
FL57: Ouais!
LT: D’accord, d’accord, je vais plus rien vous dire sur ce sujet, je suis d’accord, un artiste est un artiste, point. En quoi voyez-vous cet album comme différent, qu’est-ce qu’on découvre de nouveau chez les 3Man?
DJ S: Ecoutez, nous nous sommes attardés sur des aspects émergents de la culture, comme les instruments traditionnels, l’acapella, par exemple. Ainsi, sur plusieurs de nos titres il y a du piano, des tambours, du jumbée, des maracas, enfin des vrais instruments, pas que du scratch, celui-ci est réservé aux morceaux qui donnent plus dans le rap hardcore. Il y a aussi deux chansons à moitié acapella, 15 titres en tout, n’est-ce pas S.V.E.N?
S: Ouais, bon, on est des rejetons culturels, quoi! On a voulu s’la faire tradition et aussi freestyle. Y a des instruments dans nos prod’, des vrais, et ça tue grave, on scratche pas mal encore, mais on s’la fait plus hardcore-underground, hein FL?
FL57: Ouais!
LT: Bon, bon… J’ai eu l’occasion de l’écouter un peu, et je me suis attardé sur le morceau “First doin, then payin” et je trouve, comme la plupart des critiques, que ce morceau est plutôt déplacé. La première strophe parle d’un viol de mineure, l’approche naturaliste au niveau du style des paroles a choqué un gros paquet de monde.
DJ S: Ouais, bon, d’accord, nous nous sommes un peu forcés, mais l’effort de style est là pour souligner les strophes suivantes, on ne va jamais jusqu’au bout de notre message. N’oublions pas que dans la strophe deux, on parle de la vie brisée de la fille et dans la trois, du violeur qui se fait descendre par le père de la fille. On continue à dire des choses vraies, que des choses vraies, je pense que le message est clair? S.V.E.N?
S: Ouais, c’est exactement ça, quoi! Faut pas regarder la première strophe, faut tout lire, sinon, vous êtes pas cap’ de piger ce qu’on raconte, et faut pas oublier que le type se fait shooter à la fin.
(FL57 sort de la pièce)
LT: A propos de votre concert à Liberty, j’ai entendu qu’un lobby essaye de vous forcer la main, ils vous jugent comme dangereux pour la sécurité, vous en pensez quoi?
DJ S: Ecoutez, tout ce qui touche de près ou de loin les activités illégales est montré du doigt dans nos textes. On n’incite nullement à la violence verbale ou physique. Dans nos morceaux, c’est la rue qui parle, c’est tout, on montre ce qu’est la vie des quartiers difficiles, souvent de la manière la plus poignante possible, pour que les gens comprennent enfin ce qu’il se passe, le système social de ce pays n’est pas rose, vous savez. (Il lève un peu la voix) Dans nos textes s’exprime la morale, dans nos gestes aussi, sachez qu’une partie des bénéfices d’Afterparty a été consacrée à la création d’un club sportif à Wichita Gardens. Ceux qui ne nous comprennent pas, ma foi… Tu ne vas pas me contredire S.V.E.N?
S: C’te bande de bourges de Staunton n’a strictement rien compris. Nos lyriques sont dans le vrai, tu comprends? Et on veut pas que les jeunes fassent des conneries, t’as vu ce qui se passe dans les rues? Le nombre de crimes par jour? Ces types qui cherchent à nous interdire notre performance, veulent que ça continue, tu piges?
(Il sort de la pièce)
LT: Puisque nous ne sommes plus que tous les trois (Baz Flock est au fond de la pièce), je voudrais savoir si vous confirmez les rumeurs sur la préparation d’un quatrième album?
DJ S: Hem… (hésitant), On voulait rien dire, mais depuis une semaine, deux morceaux tirés du nouvel album sont en circulation sur le net. Cela fait une demi-année qu’on le prépare. Sachez que ces morceaux qu’on peut trouver ne sont pas encore finalisés, et vont différer sur l’album. Tout ce que je peux vous dire pour l’instant c’est qu’il comportera 13 titres et qu’il s’intitulera probablement “Big G Liberty”.
Le LT remercie Baz Flock d’avoir permis cette interview.
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