Adieu, cochon.
Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.
Petits et grands se souviennent des films “Gabe, le cochon devenu berger” et “Gabe, le cochon dans la ville” sortis au milieu des années 90 et narrant les aventures d’un petit cochon sauvé de justesse de l’abattoir pour mener une vie paisible à la campagne, accompagné de ses amis animaux.
Après plusieurs années de silence médiatique, Gabe est décédé cette nuit dans une ferme de Sandy Shores où il résidait depuis bientôt dix ans maintenant. Originaire d’une petite ville du mid-west, Gabe est arrivé à Los Santos en 1992, propulsé par ses rêves de gloire et de tapis rouges. Enchaînant les petits rôles, c’est en 1995 qu’un directeur de casting tomba sous le charme de sa peau bien rose et de sa petite queue en tire-bouchon. Après un véritable succès grâce à “Gabe, le cochon devenu berger”, il surfa sur la vague de la notoriété, vivant enfin cette vie de star dont il avait tant rêvé.
Trois ans plus tard sort le second opus du film dont il est la vedette, “Gabe, le cochon à la ville”, mais le public n’est plus aussi enthousiaste. Un budget réduit et une équipe d’acteurs peu motivés signeront le glas des films de Gabe, et indirectement, de la carrière de notre héros à quatre pattes. Ici commence le début de la descente aux enfers. A l’aube de l’an 2000, aucun producteur ne veut de Gabe sur son plateau, la mode étant désormais à l’animation 3D et non aux animaux qui parlent. Drogue, alcool, prostituées et saisies à la chaîne sont désormais le quotidien de Gabe, qui finira par accepter de suivre une cure de désintoxication, fortement poussé par ses derniers amis du milieu du cinéma.
Suite à cette résurrection, Gabe s’installe à Grapeseed, dans une petite ferme tranquille, le temps de reprendre le cours de sa vie et de travailler en parallèle à son retour sur le grand écran. Mais hélas, ses nombreux projets cinématographiques ne verront jamais le jour, et le moral n’était pas au beau fixe pour le cochon. Francis, le coq, témoigne.
Il nous parlait tout le temps de Vinewood, de la bouffe bien meilleure qu’ici, de la grande famille du cinéma, de la célébrité. Franchement, il commençait à sérieusement me faire chier, et c’est pas faute d’avoir essayé de l’aider à retrouver une vie sensée.
Francis, le coq.
Cette vie sans le cinéma n’avait visiblement aucun sens pour Gabe, qui a été retrouvé mort ce matin dans la basse-cour de la ferme, étalé dans la poussière, une bouteille de Whisky et un tube de somnifères à ses côtés.
Stévènne, propriétaire des lieux : Ça m’a fait un choc en le découvrant là, inanimé. Je savais qu’il allait mal, mais jamais qu’il pourrait commettre l’irréparable. Je lui louait cette petite parcelle, et parfois on discutait de tout et de rien. Ah pour sûr, il va me manquer, le Gabe. Il était peut être pas un excellent acteur, mais il fera un délicieux bacon, et ça, je suis sûr que ça lui fait plaisir, là haut dans le ciel, au paradis des cochons.
Salut, l’artiste.