Batman a débarqué à San Andreas
Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.
Gérard Broderick, éminent photographe de la revue écologiste Liberty Fish a même réussi à le prendre en photo alors qu’il traversait Beacon Hill en Batmobile
Je m’apprêtais à photographier un ravissant spécimen de Bigus Dickus Rocambolus en fleur lorsqu’un ronronnement de moteur vint perturber la quiétude romanesque de ces prairies verdoyantes. (Il reprend son souffle) J’eus à peine le temps de saisir mon appareil, d’ôter le cache et de régler le focus que l’engin était déjà sur la fleur innocente… et voilà
Il nous tend alors la photo d’une main tremblotante. On aperçoit nettement le véhicule du justicier masqué. Voilà qui met un terme à la rumeur ridicule qui voudrait que les héros en collant n’existent que dans l’esprit torturé de quelques auteurs de comics puérils et boutonneux.
Nos experts sont formels : ceci n’est pas un photomontage.
Nous nous sommes demandé, en bons reporters, si Batman était simplement venu prendre ses congés sur le sable fin de Santa Maria Beach ou s’il avait décidé de s’installer pour de bon. Mais, à la réflexion, s’il était venu pour des vacances, il n’aurait pas pris son véhicule de service. Et de toute façon, comment pourrait-on justifier la baisse fulgurante du taux de criminalité observée en ce début septembre autrement que par l’arrivée d’un super-héros ?
Un taux de criminalité de seulement 80%, du jamais vu ! Voilà un héros qui ne chôme pas.
Étant dans l’incapacité de rencontrer l’intéressé, nous avons décidé d’interroger les grands pontes du pays sur cette arrivée plus que fortuite.
Tout d’abord, direction East Los Santos pour rencontrer le leader des Orange Grove Families : Carl Johnson.
Liberty Tree : M. Johnson, bonjour. Nous aimerions avoir votre opinion sur la rumeur du moment : que vous inspire la présence de l’homme chauve-souris à San Andreas ?
Carl Johnson : Bah en fait j’ai moi-même été confronté à une apparition inopinée. Hier, alors que je me promenais à San Fierro pour prendre en photo de petites sphères violettes qui flottaient dans le ciel j’ai vu une ombre passer sur l’hôpital. J’ai réussi à choper une picture d’ailleurs bien avant la publication de l’autre cliché merdique.
LT : Etes vous enthousiaste à l’idée d’une ville plus sûre, protegée par un justicier ?
CJ : J’vais vous dire moi, avant ici c’était une fabrique de crack minable et insalubre. J’ai tout retapé avec mes homies pour la transformer en usine d’armement intègre et conforme aux normes internationales. Si Batman débarque et arrête tous les gangstas, qui va m’acheter mes guns ? Bien sûr, il reste l’armée, mon principal client, mais s’ils n’ont plus de malfrats à poursuivre, hein ? Regardez, déjà rien que ce mois-ci j’ai eu du mal à remplir le coffre.
LT : Que comptez-vous faire ?
CJ : Pour l’instant rien, mais si on lui tombe dessus, on lui rasera sans nul doute les couilles à l’épluche légume avant de faire de la balançoire avec ses tripes et d’accrocher ses restes à l’arrière de la Phoenix.
LT : Mmh, intéressant. Merci Mr. Johnson, ce fut un plaisir.
Une période creuse pour Carl Johnson.Batman, un frein pour l’économie du pays ?
Contre toute attente, Carl Johnson s’est montré particulièrement hostile envers l’homme vêtu de latex. Direction Las Venturas, pour rencontrer quelqu’un qui apprécierait sûrement davantage sa venue, pour des raisons publicitaires et touristiques : Wu Zi Mu, gérant du Four Dragons Casino.
LT : Bonjour Mr. Mu.
Wu Zi Mu : Bonjour messieurs.
LT : Euh, non, par ici…
WZ : Ah, pardon.
LT : Vous savez sans doute que Batman est à San Andreas. Une belle attraction touristique que vous devez accueillir avec joie et enthousiasme !
WZ : Hein ? Mais pas du tout ! Batman ici, c’est la huitième plaie ! Comment voulez-vous que je tolère un tel affront ?!
LT : Gné ? Mais nous pensions… plus de touristes… plus de monde dans les casinos…
WZ : Permettez-moi de rire humblement de votre bêtise crasse. Bien sûr que cela va rameuter des pige… euh des touristes, mais que voulez-vous que ça me fasse ? De la populasse, un ramassis de beaufs sans argent, qui iront au casino dépenser leur salaire misérable à coup de bières ! Ils vont laisser moins de thunes dans les caisses que de détritus par terre. Ce sont les escrocs, les assassins, bref les gens riches et normaux qui font tourner les affaires ! Si Batman est là, toute ma clientèle se retrouvera derrière des barreaux !
LT : Ah, d’accord. Et que comptez-vous faire pour contrer cette… menace ?
WZ : Que le grand ver solitaire lui dévore les orteils de l’intérieur ! J’ai déjà lancé plusieurs contrats sur sa tête !
LT : Bien, merci.
Interloqués par une telle avalanche de pessimisme, nous nous sommes rendus au Los Santos Police District, où, pensions-nous, la venue d’un super héros devrait en ravir plus d’un. Mais à notre arrivée, nous avons été surpris par une imposante colonne de véhicules de police et de chars prêts au départ, sans doute pour un défilé nous sommes-nous dit. Curieux, nous avons interrogé un brave agent des forces de l’ordre qui traînait dans le coin.
Ah bah v’là les journalistes, manquait plus qu’ça ! S’qu’on est en train de faire ? Beh la on s’prépare à arrêter l’aut’ tafiole,là, Batman, c’t’espèce d’ordure tout juste incarcérable. En fait on vient de découvrir son identité secrète, s’appelle Brice Wine l’aut’ andouille et y va morfler moi j’vous l’dit ! Pourquoi ? Bah pasqu’y nous pique not’ job la bonne blague. Qu’est-ce qu’on va foutre nous toute la journée si y s’occupe de tout hein ? Et c’est la porte ouverte à toute les fenêtres : si y s’ramène on va aussi s’taper Silver Surfer ou Wonder Woman. Bon pour la dernière on veut bien hein mais pour les autres c’est pas la peine ! C’pour ça qu’on l’arrête. Pis de toute manière si c’est lui qui pêche les criminels on aura plus notre juste part sur la drogue, les pots de vins, la prostitution, enfin tout ça quoi… bon, là faut que je vous laisse, on doit partir. Non mais j’ai plus le temps pour vos questions ! Quoi ? Comment qu’on l’a retrouvé ? Bah, c’est simple avec la photo on avait la plaque d’immatriculation et donc son lieu de résidence. Allez, j’y vais. A la revoyure !
Nous avons réussi à discrètement suivre le convoi pour prendre une photo de l’arrestation
Brice Wine a ainsi été condamné à 27 ans de prison, lors d’un procès juste et équitable faut-il le rappeler. Motifs : trouble de l’ordre public, comportement violent, excès de vitesse et tapage nocturne.
Suite à sa condamnation, nous sommes allés retrouver Spider-Man dans sa nouvelle résidence à Shoreside Vale afin de lui demander ce qu’il pensait de tout cela.
Il y a trois ans, j’ai décidé de m’installer à Liberty City, une ville pleine d’opportunité, grouillante de criminels, des proies faciles pour un super-mec dans mon genre. Mais après quelques mois de bons et loyaux services, je m’suis rendu compte que personne ne m’aimait vraiment en ville. Les civils avaient peur de moi, je faisais tort aux multiples organisations criminelles, pour les flics j’étais un parasite qui soulignait leur totale incompétence. Très vite je me suis retrouvé avec la famille Leone et le LCPD sur le dos. Les uns voulaient couper mes parties intimes, les autres projetaient de me coffrer pour détournement de mineures. J’ai donc décidé de me ranger et d’offrir mes services à la mafia. On m’a tout de suite proposé un travail honnête et bien rémunéré. Je dois avouer que je m’en suis assez bien sorti. Batman ? C’est un con, il a rien compris, toujours à vouloir emmerder le monde en voulant le sauver. Il n’a que ce qu’il mérite. Comme le disait mon père adoptif : un grand pouvoir implique de grandes occasions de faire du fric.