24 heures avec un "mac"
Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.
Au delà de l’image classique du “Pimp” en manteau de fourrure et chapeau orné d’une plume, couvert de bijoux, roulant en Cadillac où l’or remplace le chrome, qui sont vraiment les proxénètes de Los Santos? Oubliez les clichés de Ron O’Neil dans Super Fly, car le maquereau moderne est un vrai businessman essayant de gérer au mieux son entreprise.
Il a d’abord été très dur de trouver un mac’ acceptant d’avoir un journaliste sur le dos pendant 24 heures. Maxwell M. alias Big Pimpin’ Double M a accepté notre reportage avec grand plaisir.
Je n’ai rien à me reprocher, je suis le patron d’une entreprise sérieuse, je donne du boulot, et donc un salaire, à des femmes qui ne demandent que ça et je satisfais mes clients. Quoi de plus honnête ?
Nous raconte Maxwell. Et ce discours, nous allons l’entendre plus d’une fois au cours de cette journée.
Le rendez-vous étant fixé à 13h, heure à laquelle Maxwell commence en général sa journée, je me rendis chez ce dernier dans sa fabuleuse villa de Richman où “Double M” m’accueillit à bras ouverts. Après quelques vannes douteuses au sujet de mon véhicule, je fût convié à un petit verre de bienvenue.
Cette villa est de toute beauté. Rien ne manque à l’appel, de l’écran plat dernier cri aux meubles importés d’Europe. Même si Maxwell avoue mener un train de vie plus que confortable, il ne manque pas de me rappeler qu’il travaille dur pour se payer tout ce confort.
La villa tout confort de Maxwell, à Richman.
Mon deuxième verre d’armagnac terminé, Maxwell m’invite à passer une partie de l’après-midi sur son voilier. “Il faut bien se détendre” m’explique le proxénète, “et j’ai invité quelques demoiselles dont la compagnie ne se refuse pas” reprend Maxwell en me tendant un maillot de bain signé Dior.
C’est bien la première fois que je travaille en short de bain, mais je dois avouer que ça a un côté assez relaxant. Il est 14h lorsque nous nous apprêtons à quitter la villa, mais Maxwell m’invite à venir admirer ses autos avant de partir.
“Les voitures, c’est mon dada vois-tu. Ma dernière folie est cette Lamborghini Murcielago que j’ai fait monter en Lowrider par West CoastBasement, le garage de James Jessie.” m’explique Double M tout en me faisant une démonstration de cet engin hors du commun.
Une vieille Continental limo traîne à l’ombre du garage. D’après le pimp, cette auto ne sert que lorsque ce dernier se déplace avec ses filles.
Les “joujous” de Big Pimpin’ Double M.
14h30, nous arrivons à Verona Beach où un voiturier nous attend. Nous prenons place à bord d’un dinghy nous conduisant vers un magnifique Marquis appartenant bien évidemment à Maxwell. Une fois les pieds sur le voilier, le ton est donné : cocktails, musique forte, quatre jolies jeunes filles dans leur plus simple appareil et quelques amis de Double M sont présents. Nous passons une excellente après-midi au large de Los Santos, une bonne occasion de parfaire mon bronzage.
Les amis, c’est très important pour moi me confie Maxwell. J’aime l’argent, j’aime me faire plaisir, mais ce que j’aime par dessus tout, c’est partager tout ça avec mes potes.
Sur le chemin du retour, Mr. M m’explique que son père était un proxénète très connu à Liberty City dans les années 70. Il a envoyé son fils faire des études de gestion ici à Los Santos où le jeune Maxwell, alors âgé de 17 ans, rencontre celles qui deviendrons ses premières “employées” quelques années plus tard. Double M a aujourd’hui 28 ans et son entreprise ne cesse de progresser. Quelques minutes avant d’accoster, le mac’ consulte ses e-mails dans la cabine du voilier. Il est propriétaire depuis maintenant cinq ans d’un club de “show pour adultes” sur The Old Venturas Strip, à Las Venturas, qui fait salle comble chaque soir, et le courrier électronique en question était un compte-rendu d’une soirée spéciale ayant lieu hier. Maxwell me dit qu’il est content de cette “boîte”, mais ce n’est pas tout. Il est aussi associé dans plusieurs affaires en Europe, il pense notamment aux “eros center” de Düsseldorf, de Frankfort, au bordel Hollandais qui ne lui rapporte pas assez. Il pense que l’Europe, c’est très concret et qu’il connaît une banque bien placée pour ses placements. C’est idiot, mais ça le fait sourire.
Le club de strip-tease de notre mac’ à Las Venturas.
Maxwell sur son voilier lors de notre petite virée en mer.
18h, nous voici de retour à Verona. Je salue les amis de Maxwell et nous repartons en direction de Richman pour une bonne douche, histoire de se sentir frais pour la suite du programme, car “la journée ne fait que commencer” à en croire le mac’.
19h15, costume bleu ajusté, chaîne en argent bien en évidence : Maxwell est prêt à aller chercher Christina, jeune fille très “compétente” selon les dires du pimp, pour sa nuit de travail intensif.
“Elle habite Jefferson et c’est sa première semaine, je préfère la déposer sur Vinewood moi-même. Une façon comme une autre de prendre soin de ses employées” m’explique le mac’.
Une petite photo de Maxwell en attendant Christina.
Une demie-heure plus tard, nous nous retrouvons sur Vinewood Blvd, garés à distance de Maxwell et Christina qui ne préfèrent pas être vus en compagnie d’un journaliste armé d’un appareil photo. Je me parc donc deux voitures derrière la Lamborghini rouge et observe la scène de loin. Maxwell donne certaines directives à la jeune Européenne, une boite de préservatifs, un autre petit sachet dont je n’arrive pas à en voir le contenu et la jolie brune part battre le pavé de l’autre côté de la rue. Il ne faudra pas attendre plus de dix minutes pour qu’un client reparte avec la demoiselle.
Christina a un succès fou (par respect de la vie privée du client, son visage a été masqué).
Double M me fait signe qu’il est temps pour nous de quitter les lieux. Nous nous arrêtons deux rues plus loin et Maxwell m’explique que nous allons passer la soirée (et une bonne partie de la nuit) chez son frère Richard qui fête son trentième anniversaire aujourd’hui. Je me dis que j’ai bien fait de m’habiller convenablement aujourd’hui et me remet à suivre la voiture du pimp.
20h30 : Arrivée chez Richard M. Il y a déjà du monde dans l’allée et il est bien dur de trouver une place pour se stationner. Le frère de notre proxénète a un job bien plus “rangé” que Maxwell. Richard est en effet un lawyer respecté de Downtown et nous demande gentiment de ne pas divulguer plus d’informations à son sujet ni de prendre de photos de l’intérieur de sa magnifique demeure. Nonobstant leurs occupations professionnelles très différentes, les deux frères ont ce même goût pour les jolies choses bien souvent hors de portée du commun des mortels.
La soirée se prolongera jusque tard dans la nuit…ou tôt le matin, cela dépend de la façon dont vous tenez votre montre. Après un nombre certain de bouteilles de champagne vidées, une quinzaine de sauts dans la piscine intérieure de Richard et d’autres excès de ce genre, la trentaine d’invités rentra tranquillement chez elle, nous y compris. Étant donné que nous nous trouvions plus près de la villa de Maxwell que de mon appartement de Santa Maria, ce dernier m’invita gracieusement à passer la nuit chez lui.
La villa de Richard offrant une vue magnifique sur Downtown.
11h (le lendemain), réveil difficile et petit déjeuner continental au bord de la piscine, Maxwell pouffa de rire en voyant ma tête légèrement défaite. Entre deux tasses de café, le pimp me raconta que toutes ses journées n’étaient pas comme celle d’hier. Il lui arrive souvent comme tout bon chef d’entreprise de passer des journées entières à calculer des stratégies d’action pour que sa société soit la plus performante possible.
Une heure plus tard et les idées claires, je serra la main de Maxwell qui me souhaita un bon retour et me demanda de passer le voir si je me retrouvais dans les environs de Richman.
Malgré le fait que tout cet argent provienne en effet du milieu de la prostitution, Maxwell “Double M” apparaît comme un chef d’entreprise prenant son job au sérieux, traitant convenablement ses employées et voulant faire changer le regard des gens sur les proxénètes de Los Santos. Bien évidement, la majorité des maquereaux de la ville sont loin de ressembler à Maxwell, mais après avoir passé 24 heures avec Double M, je ne peux qu’entre-voir un changement positif des façons de faire de certains pimps de la côte ouest.
*NDLR : malgré ce que peut en dire NelsoN qui ne se déplace qu’en véhicule haut de gamme, ces Pontiac Grand Prix mises à disposition des journalistes roulent à merveille…