Grove Street, la « poubelle » de LS ?
Cet article a été écrit dans un contexte spécifique et peut refléter des sensibilités ou des approches qui peuvent ne plus correspondre à celles de son auteur aujourd'hui. Avec le recul, certaines choses ne seraient plus écrites de la même manière aujourd'hui. Ces archives restent néanmoins une trace précieuse d'une époque où créativité et passion guidaient chaque ligne. Merci de le lire avec recul.
En ces temps de crise économique, tous les arguments sont bons pour les candidats aux élections municipales de s’arracher quelques voix. Rappelons qu’un candidat radicaliste s’oppose à un autre candidat représentant le parti modéré.
Le candidat radicaliste, Jeff Stayon, a notamment soulevé lors d’une campagne de presse cette semaine, que s’il était élu il commencerait par expulser « toute la racaille de Grove Street ».
Ne sont-ce pas là des propos un peu déplacés pour les honnêtes gens qui vivent dans ce quartier ? Il faisait sans doute référence au fait que ce quartier est le théâtre depuis de trop nombreuses années d’une guerre des gangs sans pitié, mais son comportement n’en est pas moins abusif : il ne faut pas oublier que ce n’est certainement pas le seul quartier à être contrôlé par des gangs, et en plus tous les habitants de ce quartier ne sont pas forcément des drogués ni des délinquants.
Nous nous sommes rendus sur les lieux pour constater l’éventuelle déchéance de ce quartier.
J’habite ici depuis plus de dix ans et jamais je n’ai touché à un trafic quelconque. Je travaille sur les docks tous les jours, j’habite ici seulement parce que je n’ai pas les moyens de m’offrir mieux. Ces politicards n’ont qu’à faire quelque chose contre la crise de l’emploi plutôt que de vouloir tout raser injustement !
Ces paroles nous ont été rapportées par un homme d’une cinquantaine d’années, ayant souhaité conserver son anonymat.
Les jeunes en colère
Qu’il se pointe ici ce bouffon avec son costard, et on saura bien l’accueillir !
Ce n’est sans doute pas par la violence qu’il vaille le mieux faire face à ce genre de problème, mais il ne fait aucun doute que les paroles de M. Stayon ont remonté encore plus la jeunesse de Grove Street.
Une jeune femme nous a également confié à quel point elle était scandalisée de peut-être devoir quitter sa maison parce qu’un homme avait estimé avoir le droit de l’en chasser.
Une jeune femme ayant toujours vécu dans le quartier.
Rétrospective sur l’évolution du quartier
Souvenons-nous qu’il y a près de vingt ans, dans les années 1990, ce quartier était déjà le théâtre de conflits entre gangs, qui effrayaient déjà la population. Et pourtant, personne n’avait pensé que cela pourrait être une solution de raser tout le quartier pour reconstruire des pavillons de luxe. D’ailleurs, en admettant que ce candidat mette réellement ses propos à exécution s’il est élu, ne pensez-vous pas que tous ces jeunes « à problèmes » iront chercher refuge dans d’autres quartiers, et que cela ne fera que délocaliser le problème ?
Grove Street dans les années 1990.
Grove Street aujourd’hui.
La véritable question est : pensez-vous que le quartier a vraiment changé depuis tout ce temps ? Est-il plus dangereux ? C’est peut-être plutôt le contexte économique et social qui a changé, et la protection de l’emploi devrait plutôt être au cœur des motivations des candidats aux municipales en ce moment…